L’Attaque des Titans #1-6
C’est l’explosion. En ces temps, difficile de traverser Tôkyô sans croiser l’un ou l’autre visuel de L’Attaque des Titans, largement décliné en exploitations cross-média, tandis que le phénomène flamboie déjà sous nos latitudes. La clé du succès ? Peut-être est-ce son désespoir abyssal, sa cruauté inhabituelle, à l’inverse des valeurs traditionnelles du récit pour adolescent.
Dans L’Attaque des Titans, ce qu’il reste de l’humanité s’est retranché dans une cité médiévale radio-concentrique. Une miette de pain dont l’homme ne peut s’évader. Car l’extérieur est envahi par les Titans, gigantesques créatures de chair au corps déformé, que ne renierait pas le peintre Francisco Goya. Vides d’esprit, leur seul objectif semble être de dévorer l’être humain. Voilà cent ans que cela dure et la situation est dramatique : l’ennemi a percé la première muraille et la population fond comme neige au soleil. Voyant sa mère mourir sous ses yeux, Eren s’est juré de rallier le bataillon d’élite, d’occire les Titans et d’explorer les terres perdues…
Une trame épurée – à la narration un brin maladroite, dans les premiers temps, passant du passé au présent de manière abrupte – mais riche en mystères et en rebondissements. Car dans ce récit d’aventure, la vraie, rien ne se déroule jamais comme prévu. Entre assauts virevoltants et destins tragiques, le manga d’Hajime Isayama malmène nos tripes, kidnappe notre empathie et n’hésite pas à massacrer, d’un revers de main, certains personnages qu’il a méticuleusement pris soin de rendre attachants. Proprement vibrant ! Et suinte ce graphisme nerveux, d’un expressionnisme fulgurant et malpropre, noircissant les planches d’une alchimie tordue entre maladresse du trait et génie de la mise en scène. Quoi de plus naturel, finalement, pour illustrer cet enfer épique au goût de terre, de sang et d’acier ?
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