L’Attente infinie
Julia n’aime pas trop les gens, surtout pas ceux qui se disent à la mode, ni qu’on la prenne pour une idiote ou qu’on veuille simplement parler avec elle gratuitement. De plus, elle souffre d’un lupus systémique et d’un sérieux penchant pour la picole, mais s’avère être une excellente serveuse. Bref, elle est pas super sympa et n’a pas une vie passionnante. Mais elle a un vrai talent : elle sait raconter tout ça en bandes dessinées, avec une bonne dose d’humour.
Voici un livre qui pose un vrai défi au lecteur. Car il faut tenir le coup et passer la laborieuse première partie pour finir par se prendre d’affection pour l’auteur et son travail autobiographique. En effet, à force de répéter qu’elle a une vie pourrie – elle enchaîne les petits boulots ennuyeux, déprime, boit – et qu’elle n’est pas une personne intéressante, on finit par la croire. Et donc par s’endormir sur ses planches hyper bavardes et répétitives. Même graphiquement, l’ennui guette : avec son trait mou volontairement sommaire, Julia Wertz enchaîne les scènes où elle se montre assise en train de discuter ou de surfer sur le web… Mais au fur et à mesure qu’on apprend à la connaître, on apprécie ses réparties cinglantes et faussement aigries, ainsi que et son regard sur la vie d’étudiante à San Francisco et de jeune auteure à New York. Ces petites fulgurances, idéales dans ce genre autobiographique centré sur de petites choses du quotidien, permettent de poursuivre la lecture avec un peu plus d’entrain. Surtout, elles donnent envie de (re)découvrir son autre travail largement cité dans ce recueil, Whiskey & New York, paru en 2011 chez nous aux éditions Altercomics, et évoquant son alcoolisme.
Publiez un commentaire