Le Beau Chat
Une petite fille s’ennuie un peu chez elle et dans son quartier. Jusqu’à ce qu’elle croise un joli chat solitaire, visiblement sans maître. Chaque jour, elle va essayer de l’apercevoir. Puis de l’approcher, voire de l’amadouer pour le garder. Mais ce n’est pas si simple ! Heureusement, une voisine va l’y aider. Et ce sont finalement ces deux petites qui vont s’apprivoiser.
S’appuyant sur une histoire ténue, l’illustratrice Laurie Agusti offre une belle plongée dans ces moments de langueur estivale, où les enfants sont parfois un peu laissés à eux-mêmes, loin de l’école ou d’activités prenantes. Mais elle prend le contrepied d’autres récits similaires en installant son petit théâtre en ville : faute de pouvoir se prélasser dans un pré ou construire une cabane, les deux petites filles vont prévoir des sorties au zoo ou à la piscine, et inventer des jeux au pied des immeubles. Avec ce chat, incarnation de la liberté et de l’émancipation, pour quête ultime.
Cette mise en scène sobre à hauteur d’enfant est magnifiée par un dispositif graphique audacieux. Les personnages sont des ombres, noires pour les filles, argentée pour le chat, les décors sont des lignes fines comme des ébauches d’architecte, et des aplats de couleurs douces viennent figurer un mur, un terre-plein, une flaque. On a l’impression de voir évoluer des figurines dans des maisons de poupées, mais qui sauteraient, crieraient, riraient, pleureraient, tellement vivantes, offrant alors un beau contraste dans un environnement quasi abstrait. Le résultat est une bande dessinée atypique, dont les choix visuels originaux et ambitieux s’adaptent finalement très bien à un récit accessible aux tout jeunes lecteurs. Une réussite singulière à saluer.
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