Image Image Image Image Image Image Image Image Image Image

BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | December 26, 2024















Retour en haut de page

Haut de page

No Comments

Le Bestiaire du crépuscule

16 novembre 2022 |
SERIE
Le Bestiaire du crépuscule
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
23 €
DATE DE SORTIE
10/06/2022
EAN
B09SXPJPNZ
Achat :

Aussi fertile que puisse être un imaginaire, il paraissait jusqu’alors difficilement concevable d’en trouver un capable de se frotter à la plume de Lovecraft. Et pourtant, 90 ans et des milliers de prosélytes plus tard, un objet singulier naît. Fait de carpes géantes, de tentacules visqueuses et d’un trait largement inspiré du style gothique XIXe, Le Bestiaire du crépuscule offre un hommage sensible au maître de l’horrifique. Il est signé Daria Schmitt (Ornithomaniacs, Acqua Alta) et donne pas mal de frissons à la lecture.

le-bestiaire-du-crepuscule_image1« Conseil de chat, lance le matou blanc à son maître, ne ramène pas tout au diapason de la raison humaine. Il y a trop de choses qu’elle n’explique pas. » Constat simple d’un sage animal, c’est de ce débat que le récit part : peut-on tout élucider du monde ? Pour Providence, gardien du jardin public, la réponse n’est pas évidente. D’autant plus quand l’imaginaire s’invite dans le parc à travers l’apparition de créatures étranges et inquiétantes. Tantôt submergé par ces rêveries, ou bien essayant de les contrôler, Providence lutte sans cesse pour ne pas laisser fuiter le fantastique dans la réalité. Mais Lovecraft avait prévenu : la tâche est difficile, voire, le combat perdu d’avance. « Un jour viendra où la synthèse des connaissances dissociées nous ouvrira des perspectives terrifiantes sur la réalité (…) cette révélation nous rendra fous, à moins que nous ne fuyions cette clarté funeste (…) pour nous réfugier dans un nouvel âge des ténèbres. »

Et effectivement, dans les recoins sombres du parc, les chimères avancent, accompagnées de drôles de couleurs. Du violet, du rouge, du bleu, elles débordent de l’album initialement dessiné en noir et blanc. Puis, une fois l’espace maîtrisé, elles envoient leurs créatures. Les enfants revêtent des masques de harengs et la créatrice semble exulter, libre de toutes les associations, affranchie des règles de proportions. Un travail graphique colossal qui force l’admiration.

Folie ou ultime porte de la perception, le récit de Daria Schmitt ne nous permet pas de savoir dans quelle voie s’engagera Providence mais il pousse à croire qu’un autre chemin, loin de celui bien entretenu des jardins publics, est possible.

Pauline Gabinari

Publiez un commentaire