Le Boiseleur #1
Dans une cité reculée, accessible uniquement par la mer, les habitants se plaisent à collectionner les oiseaux rares. C’est à qui possédera le plus exotique, le plus chatoyant, le meilleur chanteur. Dès lors, pour conserver et protéger ces précieux volatiles, il faut des cages. Et c’est dans la confection de cages en bois qu’excelle Illian. Ses doigts de fées sculptent des détails floraux d’une grande finesse, rendant chaque cage unique, comme un objet d’art. Les affaires se portent à merveille, enfin, celles de son patron car Illian n’est qu’apprenti, esclave surdoué d’un maître aigri et cupide. Puis, un jour, le jeune homme cisèle, non pas une cage, mais un oiseau. Et une nouvelle mode se répand : tout le monde veut son oiseau en bois…
Le scénariste Hubert écrit depuis longtemps des récits d’apprentissage, plus ou moins sombres, plus ou moins intimes, plus ou moins violents, plus ou moins fantastiques. De l’enquête de la vierge Miss pas touche dans les bordels parisiens à la confrontation d’un aristo et de sa bonne dans Monsieur désire?, en passant par les arcanes gothiques des Ogres Dieux, la quête des limites d’une relation amoureuse dans La Nuit mange le jour ou l’adolescence et l’anorexie dans La Chair de l’araignée, Hubert creuse la question de l’identité, de la place qu’on doit se tailler dans le monde souvent envers et contre tous, les risques de la recherche d’un plaisir égoïste, l’espoir qu’on peut placer dans la nature humaine… Le Boiseleur ne fait pas exception, s’attachant à suivre l’émancipation d’un orphelin au talent artistique hors du commun, mais prisonnier d’un mentor malhonnête, d’une condition pauvre et des terribles conséquences de ses trouvailles. Le tout sous la forme d’un conte, souvent narré par de longs récitatifs auxquels répondent des grandes images de Gaëlle Hersent (Sauvage), puis dans des pages de BD plus classiques. La langue est belle, l’ambiance aussi, mais quelque chose se révèle bancal au fil des pages. Le récit manque de densité, n’a pas assez de personnages secondaires pour redonner du rythme. Et le dessin est parfois trop jeté, pas assez précis ni détaillé, notamment dans les décors ou certaines postures. La couleur est aussi inégale selon les séquences, n’apportant que peu de choses ni dans la narration ni dans les ambiances. On reste donc un peu sur sa faim en refermant ce Boiseleur. Espérons que la suite exploite mieux les bonnes idées entrevues ici…
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