Le Bus ***
Par Paul Kirchner. Tanibis, 15 €, avril 2012.
Les éditions Tanibis ont souvent du nez et dénichent quelques auteurs de talent et des trésors oubliés. La preuve une nouvelle fois avec ce recueil des strips du Bus de l’Américain Paul Kirchner, nés dans le magazine US Heavy Metal en 1979.
Invariablement muets et en noir et blanc, ces strips mettent perpétuellement en scène un salarié lambda, imperméable, lunettes et calvitie. Qui prend le bus. Mais les autres cases l’emmènent dans des univers où l’humour absurde et les tonalités surréalistes règnent en maîtres. De Chirico, Escher ou Bosch ne sont jamais loin, Moebius, Kafka ou Topor non plus.
Et le plus singulier au fil de ces mini-aventures est que le bus ne se contente pas d’être le théâtre de digressions oniriques, il acquiert une personnalité propre, interpellant, bousculant le personnage principal, héros malgré lui de situations qui évoquent souvent des épisodes de La Quatrième Dimension.
Ne se répétant jamais, Paul Kirchner use de son trait fin pour faire naître des idées narratives: les ombres insignifiantes d’un décor se muent en éléments décisifs du récit, les bords de case interagissent avec les protagonistes… L’ensemble forme un volume hypnotisant, un livre rare teinté d’une sorte de psychédélisme ascétique, souvent drôle, parfois inquiétant. Résolument moderne.
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