Le Chant des Asturies #3
Oviedo, Asturies, 1934. La reprise de la ville par l’armée espagnole n’est qu’une question de jours, et même d’heures. Les insurgés ont tenté, sans succès, d’instaurer une Commune insurrectionnelle. C’est dans les soubresauts de cette lutte, dont l’échec semble d’ores et déjà annoncé, que Tristan, le fils du marquis, et Isolina, la fille du mineur Apolonio, tentent de s’aimer, malgré la violence et la différence sociale.
Le troisième tome du Chant des Asturies, signé Alfonso Zapico (Ceux qui construisent des ponts, Café Budapest, James Joyce, l’homme de Dublin…), continue de narrer l’histoire de cet affrontement localisé dans le Nord-Ouest de l’Espagne. Véritable phénomène BD dans la péninsule ibérique (plus de 50000 exemplaires vendus), ce roman graphique réactive une mémoire oubliée, celle de la révolte de cette région minière et de son identité, dont les dernières mines ont fermé en 2013. Précédemment, l’auteur plantait le décor : un journaliste bohème et fils à papa, un brin souffreteux, nommé Tristan Valdivia quittait Madrid pour retourner dans le nord de l’Espagne où son père, le marquis de Montecorvo, dirige l’une des plus grandes exploitations de la région, la Northwest Mining Company.
C’est en noir et blanc qu’Alfonso Zapico dresse le portrait d’une Seconde République en proie à des accents autoritaires, ne sachant pas où aller, tiraillée entre le désordre instauré par les anarchistes à l’extrême-gauche et le virage réactionnaire de la CEDA de Gil Robles à l’extrême-droite. En s’attachant aux gens du quotidien, l’auteur peint une fresque à hauteur d’hommes et décrit les mécanismes de la violence, les incohérences des uns et des autres, sans manichéisme aucun. Dans ce Germinal espagnol en quatre tomes (le dernier sera publié en juin 2024), où des hommes et des femmes, las des injustices et de la misère, décident de se révolter, se dessinent les prémices d’un conflit de plus grande ampleur: avec le déploiement de l’armée et l’apparition d’un certain gradé, Francisco Franco, c’est tous les germes de la guerre civile qui prennent racine. Si certains historiens discutent encore des réels liens entre cette révolte et la Guerre civile espagnole de 1936, force est de constater que tout est en place pour favoriser l’explosion des tensions.
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