Le Chant des Stryges #12 **
Par Richard Guérineau et Eric Corbeyran. Delcourt, 12,90 €, le 3 décembre 2008.
Plutôt malins, Eric Corbeyran et Richard Guérineau réussissent avec ce douzième Chant des Stryges (qui clôt la saison 2 mais n’est qu’un album parmi d’autres, perdu dans une série à rallonge décliné en trois autres sous-séries) à ne pas lasser le lecteur. Ici, nul retour en gros plan des discrets héros que sont les Stryges – des êtres mythologiques surpuissants, entre le vampire et la sirène –, mais plutôt des éclaircissements en tous genres. Certes, on a le sentiment d’être pris dans une toile scénaristique habilement tissée, destinée à garder captif quiconque s’y égare le plus longtemps possible, mais le « produit » BD est de bonne facture et ne truande pas son acheteur. Auquel une révélation est offerte sur un plateau, dès la première planche : il sait enfin qui se trouve derrière le masque de l’inquiétant Sandor G. Weltman, ennemi depuis plusieurs épisodes de deux valeureux chevaliers anti-Stryges, Kevin Nivek et Debrah Faith.
Le scénariste Eric Corbeyran joue largement sur la dualité de ses personnages, les entraînant dans une réflexion quasi-philosophique. Il cite d’ailleurs Bossuet en page de garde (« Qu’est-ce que cent ans, qu’est-ce que mille ans, puisqu’un seul moment les efface ? »)… Richard Guérineau bluffe par sa maîtrise graphique. Le dessinateur sculpte les visages en plan rapproché, pour mieux les effacer lorsqu’ils sont en arrière-plan, les rendant ainsi fantomatiques. L’action avance certes peu dans ce tome, mais sans pour autant frustrer l’auditoire de ce conte fantastique.
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