Le Chat momifié et autres curiosités
Les guides pratiques en bande dessinée ont leur utilité, mais ne sont pas franchement des objets intéressants, au mieux y trouve-t-on parfois des signatures d’auteurices qui nous titillent, souvent au début de leur carrière, et on s’amuse de découvrir ce travail de commande. Après le troublant Tournevis, Olive Booger — qui s’était fait discret en bande dessinée — semble pourtant avoir eu un tout autre projet en dressant dans son guide de « curiosités » le portrait un peu tordu de onze lieux, monuments et musées franciliens. Des lieux sulfureux, des petits musées privés, institutionnels parfois, qui recèlent leurs lots de bizarreries réjouissantes.
Le modèle est toujours le même, peut-être un peu trop systématique, car parfois un peu court : 3 pages dans lesquelles, sans jamais être présent à l’image, Olive Booger se promène dans un de ces lieux et évoque notamment quelques objets : la tombe d’un chien de (très) riche, un étrange pose allumettes grotesque au méconnu « Musée du fumeur », des bouts de très grande Histoire qui se mêlent à l’absurde, comme cette étoile zazou qui devient un geste de solidarité presque involontaire et forcément touchant.
La majorité du texte est non dialogué, donnant à l’ensemble un goût de BD documentaire à l’ancienne, mais empreint de la modernité d’un trait matinée d’underground américain et d’un ton plus lâche et assumant une profonde subjectivité (pourquoi ce truc-là l’intéresse plutôt qu’un autre ? Mystère). Un mélange qui donne un résultat toujours un peu intrigant : on ressent le plaisir de son dessin de trognes tordues et d’objets bizarres, et il réussit à nous redonner le goût de la bande dessinée documentaire.
Le pari est cependant complexe : les habitués des « Guides en BD » seront sans doute effrayés par le dessin, les habitués de BD alternative n’y verront qu’une BD didactique de plus. Ce serait vraiment dommage et il faut saluer les éditions Alain Beaulet, qui ont eu le courage de publier ce qui est assurément un OVNI, qui mérite l’attention ne serait que pour ce jeu avec les étiquettes. Une vraie curiosité en somme, la douzième de l’ouvrage ?
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