Le Che, une icône révolutionnaire °
Par Spain Rodriguez. Hors collection, 14,90 €, le 15 janvier 2009.
Au moment où le premier volet du film de Steven Soderbergh sur Che Guevara sort en salles et alors que Cuba célèbre le cinquantenaire de la prise de La Havane par les troupes de Fidel Castro, il était logique de voir débarquer en librairie une bande dessinée abordant la vie de l’icône de toutes les révolutions modernes. Ce volume d’une centaine de pages est signé Spain Rodriguez, auteur américain underground et engagé à gauche. Son livre est d’ailleurs une véritable hagiographie d’Ernesto Che Guevara, ce qui n’est, hélas, pas le moindre de ses défauts.
En effet, à sa lecture, on se rend très vite compte que Le Che, une icône révolutionnaire n’est pas vraiment une bande dessinée, mais plutot une succession de vignettes illustrant un récitatif digne d’un livre scolaire. On y apprend beaucoup de choses, c’est vrai, mais la grande Histoire ne fait pas forcément une bonne histoire: jamais les personnages ne parviennent à sortir de leur représentation historique et il est donc impossible de s’identifier (et de vraiment s’intéresser) à qui que ce soit. De plus, en noyant son lecteur dans les détails (ici le Che mange de l’agneau rôti, là il séduit une jolie noire…), Spain Rodriguez lui fait régulièrement perdre le fil. Et ennuie, ennuie, ennuie… Car même le graphisme ne relève pas le niveau: les silhouettes sont rigides, l’action est toute molle et les personnages tout juste ressemblants à leurs modèles…
L’ouvrage est donc une longue succession d’événements (le Che au Pérou, le Che en Chine, le Che au Congo – un peu plus et on dirait Tintin!), racontés avec platitude et une fausse distance. Car il s’agit aussi d’une BD clairement militante, à l’image de la dernière page, qui loue les vertus de Hugo Chavez et balance, sans ironie aucune: « Une ère nouvelle s’ouvrit en Amérique latine quand des gouvernements élus, comme celui du Venezuela, suivirent la voie tracée par Cuba. Castro évolua dans ses réflexions. » Et sous ce récitatif, un dessin montrant Castro et Chavez, le Cubain déclarant: « Je crois que tu as raison, Hugo, les élections sont une bonne chose. » Mais seulement quand elles sont un plébiscite, doit-il penser secrètement. Ce que l’auteur de cette laborieuse bande dessinée ne juge pas bon de préciser.
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