Chevalier hospitalier au service du roi de France, Juan de la Heredia est fait prisonnier par les Anglais, au terme d’un combat aussi héroïque que sanguinaire. Pourtant, il aurait dû mourir sur ce champ de bataille. Mais une licorne lui est apparue et a empêché l’inéluctable. Pourquoi l’a-t-elle sauvé? Et hante-t-elle ses jours?

Fable sur la violence et la rédemption, Le Chevalier à la licorne prend des atours dignes de l’heroic fantasy pour happer son lecteur. Pourtant, c’est bien dans une France médiévale réaliste, ravagée par la guerre et bientôt par la peste, que se situe ce récit. Un choix intéressant et pertinent, pour déployer cette allégorie aux accents religieux. On assiste ainsi au délire d’un homme pieux, hanté par une créature chimérique qui retarde sans cesse son trépas, dans un but finalement assez évident. Ce manque de suspense et de réelle surprise est peut-être le seul défaut de cet album au scénario fort bien tenu de Stéphane Piatzszek (Ordures, Rétine, Neige et roc…) et mis en images dans un style éclatant et musclé par l’Espagnol Guillermo Escalada. Une oeuvre atypique et élégante.