Le Club des inadapté.e.s
Dans une cabane dans les bois, quatre ados trouvent refuge. Pour passer le temps, écouter de la musique, comparer leurs profs. Et se protéger du regard des autres, qui les considèrent comme anormaux ou trop différents pour faire partie du groupe. Erwan avec son costume-cravate trop court, son goût du bricolage et son air lunaire ; Edwige, grande black venant d’une famille pauvre et passionnée par les maths; Fred la métaleuse aux cheveux verts; Martin, trop petit, trop rond, trop orphelin de mère et devant gérer son père, dépressif. Des inadaptés selon la jauge du collège. Mais ils s’en accommodent et vivent leur amitié à part. Jusqu’à la violente agression subie par Erwan, qui va tous les secouer.
Alors que 11407 vues parlait de harcèlement numérique et plaçait les outils digitaux au coeur de sa fiction lycéenne, Cati Baur aborde la question du harcèlement scolaire sous un prisme plus classique: celui de l’exclusion sociale et de la violence physique gratuite. L’autrice, qui s’était déjà emparée de Quatre soeurs de Malika Ferdjoukh, adapte ici un autre roman de L’École des loisirs, signé Martin Page, et le modernise un brin, en le féminisant notamment. Au-delà de son dessin sobre et très doux, ses choix narratifs se révèlent efficace, l’histoire avançant de manière très fluide, grâce à une voix off présente juste ce qu’il faut pour souligner l’émotion. On s’attache ainsi rapidement aux personnages et on est touché par leur quotidien sur la brèche. Et l’autrice, même si elle se veut positive, ne tombe pas dans l’angélisme : les enfants pas comme les autres ne seront sans doute jamais acceptés dans les groupes « populaires », et la meilleure solution pour eux est de faire de cette injustice une force, en assumant leurs différences et en restant soudés. Un message puissant, qui fera réfléchir les jeunes lecteurs, qu’ils soient « inadaptés » ou non.
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