Le Coeur de l’ombre
Sous sa tignasse blonde et derrière ses grosses lunettes, Luc est un gamin trouillard. Mais catégorie carrément phobique ! Surtout au moment du coucher, où il voit apparaître sous son lit ou dans le placard des créatures effrayantes, au premier rang desquelles l’Uomo Nero, l’homme habillé de noir directement issu des comptines de sa grand-mère italienne. Il faut dire que Luc a été élevé dans la peur de l’inconnu, car ses parents ont souffert la disparition inexpliquée de leur aînée, Claire. Alors, le jour où Luc est aspiré dans le monde des ombres, c’est la panique à tout-va !
Ce beau one-shot italien arpente les chemins terrifiants des peurs enfantines, avec une distance et un humour piquants, suscitant une réflexion sur ce qui fait naître ces peurs. L’angoisse des parents? Les histoires horribles de croquemitaine que l’on conte aux gamins qui refusent d’aller ses coucher? Peu importe finalement, les réponses comptent moins ici que l’épopée fantastique de Luc, qui ira du Mexique au Tibet, en passant par l’Australie, rencontrer les créatures des cauchemars des gosses du monde entier. Une épopée un brin bavarde toutefois, pour un final pas si étonnant que ça. Mais c’est surtout le dessin, flamboyant, qui emballe. Sur un storyboard de Roberto Ricci, Laura Iorio développe un trait charbonneux expressionniste du plus bel effet, magnifié par des couleurs exubérantes qui ne sont pas sans rappeler les premières oeuvres de son compatriote Lorenzo Mattotti. Dans l’ensemble, un bel album, cohérent et envoûtant.
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