Par Vincent Froissard et Etienne Le Roux. Futuropolis, 17 €, le 11 février 2010.

Fameux naturaliste du XIXe siècle, le baron Alexandre de Humboldt se sent bien vieux en ce mois de décembre 1877. Mais la rencontre inattendue avec une jeune femme va lui redonner une nouvelle vigueur. Attention, rien de charnel dans ce regain d’énergie : la demoiselle est détentrice du précieux carnet d’un explorateur disparu en Amazonie. Ni une ni deux, l’improbable duo s’embarque pour une longue traversée transatlantique, direction les mystères sud-américains. Mais c’est sans compter un terrible raz-de-marée et un chevalier allemand lancé à leurs trousses…

Voilà une bien curieuse aventure, exotique, onirique et fascinante. Car, plutôt que de conter un traditionnel récit d’exploration, Etienne Le Roux (auteur de L’Éducation des assassins, dessinateur de La Mémoire dans les poches – et ici simplement scénariste) prend des chemins de traverse, à la lisière du pays des rêves. Dans un chant à trois voix (Humboldt, sa jeune protégée et le vilain chevalier Von Ritter), il déforme les paysages, force le trait de ses personnages, compose un monde magique et déconnecté de la réalité. Et si l’on a du mal au début à pénétrer cet univers volontiers fantasmagorique, on se laisse finalement embarqué à dos de libellule vers ces contrées brumeuses. Et ce grâce au graphisme inventif de Vincent Froissard (dessinateur de la série Felicidad, coloriste de Après la guerre), tout en traits charbonneux, matière palpable et griffures expressives. Entre la gravure et le collage, l’illustration et l’art séquentiel, il ne cède jamais à la facilité et offre aux yeux un superbe spectacle visuel, étonnant à chaque page. Alors, laissez-vous tenter par ce premier volume qui sort franchement de l’ordinaire, vous ne serez pas déçu du voyage.

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