Oups, petite erreur d’agenda : Dieu a oublié d’enfanter et de lancer toute la machine christique sur Terre. Qu’à cela ne tienne, il envoie un ange de confiance, le fameux Gabriel, pour trouver une femme qui lit prénommée Marie, lui annoncer la bonne nouvelle et tutti quanti. Sauf que… rien ne va se passer comme écrit, du moins dans la Bible, et Gabriel – pas aidé par un smartphone au GPS mal mis à jour – va découvrir l’Amour, ses joies et ses tourments auprès de Shéhérazade, Dante Aligieri, Emma Bovary ou Marylin Monroe. Tandis que Lucifer rôde…

S’il n’est pas lui-même divin, le scénario de Jacky Beneteaud (Pages intérieures) est foutraque, érudit et gentiment sacrilège, bourré de gags et de références, tant aux mythes antiques qu’à l’âge d’or hollywoodien. Des codes et clins d’oeil qui pourront repousser le lecteur ne les maîtrisant pas, mais qui raviront ceux qui en connaissent certains (et une liste de ces références est incluse en fin d’ouvrage, ouf!). Et au-delà de ce florilège, c’est l’humour perpétuellement décalé qui ravit au fil des chapitres, même si une impression de répétition et une certaine lassitude interviennent à l’énième étape de Gabriel avant de ne pas arriver à Nazareth. Heureusement, le dessin éclatant de Fabrizio Dori (Le Dieu Vagabond), qui transforme le style Art nouveau en design brillant et moderne, suffit la plupart du temps à envoûter. Grâce à une utilisation subtile et audacieuse des couleurs, une digestion parfaite des styles picturaux par-delà les siècles, et un sens rare du mouvement. Un album pas divin, mais presque.