Par Christelle Galland, Patrick Cothias et Patrice Ordas. Bamboo/Grand Angle, 13,50 €, mai 2011.

Sidoine est un adolescent plein de colère. Sa mère est morte quand il était tout petit, son père qu’il n’a jamais connu ne donne que de rares nouvelles depuis la Cochinchine, où il est militaire. Et son tuteur, pauvre facteur breton, ne peut lui assurer une éducation digne de ce nom. Résultat, son certificat d’études en poche, il est condamné à oeuvrer aux champs et se retrouve ensuite en colonie pénitentiaire. Commence alors un parcours initiatique douloureux, pour un garçon devenu adulte trop tôt et qui cherche sa place…

Voici une belle saga classique, signée Cothias et Ordas, qui avaient commis un bon gros ratage en ce printemps avec L’Oeil des dobermans. Récit d’apprentissage dans une France qui se modernise bien lentement, l’histoire de ce fils d’officier considéré comme un bon à rien par tout le monde est sincèrement touchante. Parce qu’elle est jalonnée par la mort, la rancoeur, la violence ordinaire. Parce qu’elle est contée dans une belle langue romanesque, dans une voix-off parfois un peu bavarde, mais souvent juste et riche de sens. Parce que, enfin, elle est dessinée d’une élégante ligne réaliste, par une dessinatrice dont c’est le premier album, et qui réussit là un très beau travail, tant dans la mise en scène que dans l’expressivité des personnages. Une chouette découverte.

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