Le Fils de Pan
Banni du domaine des dieux et condamné à errer dans le monde des mortels, Eustis le satyre s’occupe comme il peut, distillant ses prédictions à qui mieux mieux. Alors qu’il marche en forêt, il tombe nez à nez avec un étrange petit garçon, fruit de l’union entre Pan, divinité de la nature, et Séléné, déesse de la lune. Cette dernière charge notre antihéros d’une mission de la plus haute importance : découvrir la capacité divine du bambin. De noceur invétéré, Eustis doit donc se muer en babysitter : très peu pour lui ! Bien décidé à se soustraire à ce rôle, le satyre prend la route pour trouver une divinité supérieure à même de le relever de ses fonctions. Mais dans les hautes sphères de l’Olympe, pas sûr que tout le monde voit cela d’un bon oeil…
Après l’excellent Le Dieu vagabond, Fabrizio Dori s’empare de nouveau de la destiné d’Eustis, clochard céleste nonchalant mais résolument attachant. Comme précédemment, l’auteur prend beaucoup de plaisir à revisiter le panthéon des dieux grecs à la sauce contemporaine – Hermès en conducteur de taxis ou Athéna en bureaucrate blasée… Et là encore, le graphisme est éclatant, dans un style évoquant l’Art nouveau, tout au long d’une très forte pagination (236 pages!). L’album est donc vibrionnant et rythmé à souhait, le road movie du satyre étant jalonné de très nombreux rebondissements, le tout bénéficiant d’une maquette des plus soignées.
Pour autant, la qualité graphique de l’album ne saurait dissimuler une certaine complexité alambiquée, notamment dans les transitions scénaristiques. En outre, les nombreux personnages qui se succèdent sont certes bien identifiés mais ne servent pas toujours l’histoire comme il conviendrait et peuvent déstabiliser le lecteur distrait. Il ne fait aucun doute que Fabrizio Dori revisite avec talent et humour la mythologie grecque – et sait la magnifier – mais à trop vouloir approfondir les arcanes de l’Olympe, il nous perd quelque peu. Malgré tout, en a-t-on fini avec Eustis et ses improbables pérégrinations ? Les voies des dieux sont, paraît-il, impénétrables…
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