Par Giacomo Nanni. Cornélius, 18 €, février 2012.

Dans ce petit volume minimaliste et très graphique, Nanni a travaillé des aplats de rouge et de vert, conférant une atmosphère un peu surréaliste son histoire. L’auteur a d’ailleurs fait le choix d’utiliser le rouge pour les ombres, « parce que les ombres rouges n’existent pas vraiment dans la réalité », explique-t-il.

Dans ce conte moderne, inspiré par un conte de Grimm, Histoire de celui qui s’en alla apprendre la peur, Giacomo Nanni s’amuse avec la matière narrative, la manipulant à loisir. À la base très simple, l’histoire (celle d’un amour contrarié) est rendue difficile à comprendre, pour les héros comme pour les lecteurs. Tout est raconté du point de vue du héros, un garçon déficient mental, qui ne comprend pas tout. L’histoire est circulaire, tout est fait pour que le lecteur reprenne la BD au début et la relise pour mieux l’appréhender. D’ailleurs, certaines vignettes reviennent plusieurs fois, comme une obsession, comme un cauchemar récurrent. Ce premier roman graphique de Nanni (pilier de la revue Canicola), enfin traduit en français, est  donc un récit torturé et hypnotique, très loin de l’humour de ses Chroniquettes. Mais qui impose l’auteur comme un talent à suivre de près (lire son interview ici).

Eloïse Fagard

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