Sorti le même mois que la nouvelle version du Guide Michelin, Le goût d’Emma est un récit autobiographique d’Emmanuelle Maisonneuve, surnommée « Emma ». Cette toute première inspectrice Michelin y dévoile avec franchise son travail quotidien dans les coulisses du plus célèbre des guides culinaires.

Emma fait partie des rares élus à avoir exercé ce métier qui en fait rêver plus d’un, mais elle n’hésite pas à montrer que ce travail solitaire itinérant se révèle autant exaltant qu’harassant. Les nouveaux sont envoyés dans les coins les plus reculés de France, loin de tout établissement étoilé. Le planning serré conjugue trajets, deux repas, visites d’établissement et comptes rendus nocturnes. En définitive si le plaisir est bel et bien là, être inspecteur du guide Michelin n’est peut-être pas si idyllique qu’attendu.

Évidemment, Le Goût d’Emma parle de nourriture et titille nos papilles. Il pose aussi en filigrane la question de la place de la femme. En outre, il interroge sur l’attribution et le sens des étoiles, l’impact qu’elles peuvent avoir sur un restaurant et le cas de conscience que ce choix peut induire.

Le dessin a été confié à Kan Takahama, mangaka atypique ayant déjà travaillé en direct avec des français (Frédéric Boilet pour Mariko Parade, Casterman pour Deux expressos et Sad Girl). Habituée au grand format, c’est la première fois qu’elle publie un récit tout en couleurs. Ses plats et ses décors basés sur des photographies renforcent le côté réaliste et appétissant de l’ensemble. Si l’on ajoute le sens de lecture occidental, nous avons bien là un témoignage graphique qui saura allécher un large lectorat.