Le Héros #2
Héraclès tombe fou amoureux de Mégara et lui donne deux enfants. Le héros semble avoir enfin chassé ses démons, lui qui a grandi à l’ombre d’un frère tyrannique, Eurysthée. Mais Héra, la déesse des déesses, jalouse d’une popularité mal placée, veut éliminer Héraclès à tout prix. Le manipulant, elle va lui faire commettre l’irréparable. Le début d’une lente descente aux enfers, entre solitude et exploits de la dernière chance.
Après un premier volet enthousiasmant, l’auteur espagnol David Rubin achève sa relecture moderne et décalée du célèbre mythe des douze travaux d’Hercule. Moins pour exalter ses victoires que pour exploiter la symbolique du héros gonflé d’hubris et en égratigner la figure. Du coup, voilà le demi-dieu usé et fatigué, sorte de colosse au cœur d’argile déprimant à la coke ou à l’alcool, refusant d’être l’objet du star-system. Via un angle narratif malin qui conjugue anachronisme calculé, combats grandioses et analyse psychologique, Rubin humanise Héraclès pour en faire un héros torturé et déclinant, puni pour avoir osé défier les dieux inflexibles d’une Olympe high-tech.
Le dessin cartoony et punchy – qui pourrait être celui d’un Jack Kirby actuel – dynamise le récit, quand la belle mise en couleur flashy l’habille avec élégance. Dans une Antiquité « futurisée » vendue parfois comme une pub, Le Héros singe donc le culte de la célébrité pour en pointer la vanité, puis joue le clin d’œil appuyé aux récits de super-héros. En résulte un astucieux mélange d’énergie pure et d’émotion, entre le blockbuster à gros effets et la subtile quête initiatique. Seul reproche : des scènes d’action belles mais redondantes, qui trahissent parfois le manque de souffle du propos. Rubin revisite néanmoins avec intelligence la place du héros contemporain, à la fois illusoire objet de fascination et puissant ressort d’identification. Spectaculaire et malin, un diptyque bien agréable au final.
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