Le Jardin de Rose
La vie de Françoise lui semble désespérément grise. Rien d’excitant à son quotidien en banlieue parisienne, avec un mari pas tout à fait désagréable mais franchement indifférent, et des difficultés à retrouver un emploi de comptable, après un licenciement.
Les visites de son fils et de sa belle-fille, et son amitié avec Rose, une voisine âgée charmante, ne suffisent pas à l’égayer assez. Quand cette dernière se retrouve temporairement handicapée, voilà Françoise chargée d’une mission : entretenir la parcelle de jardin « familial » que Rose vient d’obtenir de haute lutte.
D’abord réticente, la quinquagénaire se prend au jeu. Il lui faut biner, bêcher, planter des oeillets d’Inde et des tomates, subir les caprices de la météo et l’hostilité d’un voisin de parcelle, qui ne se remet pas du décès de la précédente occupante. Elle que les autres jardiniers appellent Rose — Françoise ne les a pas détrompés — prend plaisir à cette existence à l’air libre, à l’abri qu’offre son petit cabanon, à l’amitié d’Abdel. Comme clandestinement, elle reprend espoir, ravive son enthousiasme, s’autorise d’autres possibles.
Imaginé et dessiné par Hervé Duphot, Le Jardin de Rose est d’une grande délicatesse. Tant par son trait, classique et léger, baigné de tons aquarellés, que par son intrigue. Chaque personnage est subtilement dépeint, ses demi-teintes doucement amenées, ses évolutions habilement démontrées. On se prend d’affection pour le personnage, pourtant plutôt fade au départ, de Françoise/Rose. Et la quitter nous serrerait presque le coeur.
Publiez un commentaire