Le Joueur d’échecs
Sur un paquebot reliant New York à l’Argentine, au milieu des années 1940, embarque le champion du monde d’échecs. Un type froid, distant, qu’on dit inculte mais imbattable. Un riche industriel réussit à le convaincre de l’affronter. Évidemment, le champion gagne, aisément. Jusqu’à ce qu’un inconnu se mêle à la partie et trouve la faille. Qui est-il? Et d’où tient-il sa science des échecs?
David Sala, prodigieux dessinateur de Nicolas Eymerich inquisiteur, Replay ou One of us, n’avait plus produit de BD depuis 4 ans et une adaptation d’un polar de Robin Cook (Cauchemar dans la rue). Actif dans l’illustration, notamment jeunesse, le revoilà avec une nouvelle adaptation, celle d’un classique de la littérature du XXe siècle, Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig. Un court roman crépusculaire qui obsédait Sala, un des derniers textes de l’auteur d’Amok qui se suicida avant même sa publication. C’est un livre sur la montée du nazisme, qui met en scène un avocat arrêté par la Gestapo, placé dans un isolement extrême, qui n’eut que les échecs pour se raccrocher à la vie. Jusqu’à en devenir fou. Une oeuvre puissante et hallucinée, dénonçant, à travers cette partie d’échecs incongrue, la barbarie nazie visant à briser l’esprit de ceux qu’elle considérait comme ses ennemis. David Sala propose une vision à la fois flamboyante et funèbre de ce huis-clos, en restant près du texte de Zweig mais en prenant ses libertés d’artiste. Dans un style très pictural, évoquant l’expressionnisme allemand et l’école viennoise (Egon Schiele en premier lieu), il déploie de grandes cases aux décors raffinés et aux lumières presque fantasmagoriques, laissant l’aquarelle donner un aspect évanescent à son trait acéré. Faisant ainsi décoller le récit du réalisme vers l’allégorie, pour mieux en saisir le sens. Car il ne se laisse jamais aller à la belle illustration gratuite, tenant son propos d’une main de maître au gré d’un découpage et de cadrages précisément choisis. Dès lors, son Joueur d’échecs est à la fois un livre d’une grande beauté plastique (sans aucun doute une des plus belles BD de l’année 2017) et un ouvrage engagé et bouleversant, surtout à l’heure de la résurgence inquiétante des nationalismes en Europe. Éblouissant.
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A titre personnel, je n’ai pas aimé cette bande dessinée . Les situations sont très convenues. Le dessin n’apporte rien au roman. Un conseil lire le roman
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