Et vous, comment réagiriez vous si un ami vous annonçait que vous l’avez coincé dans une boucle temporelle ? Pire : si l’ami en question était une personne à qui vous n’avez pas parlé depuis des mois ? C’est ce qui arrive à Mona, circassienne attachante et obstinée, qui a du mal à garder l’équilibre après qu’Eko, son ami et partenaire de toujours, est parti sans donner de nouvelles. Tous les jours, sans le savoir, la jeune femme refait le même parcours : confier sa peine à un caillou et le jeter dans une rivière pour essayer d’oublier Eko. Et tous les jours, celui-ci doit essayer de l’en empêcher…

On le sait au moins depuis Un jour sans fin : le principe de la boucle temporelle est un formidable terrain de jeu scénaristique. Ici, Véro Cazot choisit d’abord un point de vue original : celui d’une personne qui n’a aucune idée qu’elle est dans une boucle. De quoi plonger le lecteur dans la confusion pendant quelques pages. Mais ce parti pris s’avère être une façon intéressante d’abord le fond du propos : la fin d’une amitié, qui peut parfois paraître inéluctable… mais l’est-elle vraiment ? Et surtout, comment tourner la page ?

Au dessin, on retrouver avec plaisir le style gracieux d’Anaïs Flogny (Rivages lointains), qui se fait sautillant, aussi aérien que les acrobates du récit. La dessinatrice confirme son talent pour créer des personnages expressifs et uniques, et use habilement du découpage pour mettre en scène la répétition des journées, ou accentuer l’aspect comique d’une situation. Le soin apporté aux planches et aux couleurs offre une autre dimension à ce récit touchant, mais légèrement prévisible. Si la résolution manque un peu d’épaisseur, on se laisse apprivoiser par cette histoire d’amitié, de pardon et de communication. Et on la termine malgré tout en ayant, un peu, envie de tester cette théorie du caillou…