Le Labo
À l’heure pandémique où le numérique est plus que jamais présent dans notre quotidien hyperconnecté rempli de meeting en « distanciel » qui font frémir les anglophobes avares en néologismes, Le Labo réinvente les prémices de la micro-informatique en plaçant l’épicentre créatif en France, en plein cœur de la Charente.
Savoureusement seventies dans son dessin, ses couleurs, ses designs et architectures, tout comme dans les attitudes et comportements de ses personnages, cette bande dessinée nous fait revivre les années charnières de la démocratisation de l’ordinateur domestique en réinterprète l’histoire. Et si une boîte française en recherche d’avenir avait été précurseuse dans le domaine ?
Partant du réel échec français, le gouvernement ratant le coche de l’Internet en mettant de côté le projet Cyclades au bénéfice du Minitel, Hervé Bourhis se fait un petit plaisir halluciné. Tous les ingrédients de la vraie histoire et de la Silicon Valley sont là. Les visionnaires qui créent le futur dans leur garage (ici une annexe à la maison mère dirigée par papa), la jeunesse en pleine créativité, la découverte des drogues et de leurs effets hallucinatoires (ici, carrément divinatoires), la méditation… De nombreuses références plus ou moins pointues ou geek viennent émailler ce récit bleu blanc blague. Et pour parfaire cette idée finalement pas si utopiste, le scénariste lie présent et passé grâce à des entrepreneurs 2.0 venus investir à la campagne, l’éloignement du sacrosaint milieu parisien rendu possible en raison de la digitalisation de nos relations aux autres. Une uchronie fantasmatiquement drôle et en même temps sérieusement convaincante.
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