Par Servain et Valérie Mangin. Soleil/Quadrants, 13,95 €, le 21 mars 2012.

Un peuple vit sous la domination (bienveillante? maléfique?) d’une entité organique qu’il considère comme divine. D’où une existence dédiée au culte de la chose, sorte d’amas visqueux et luminescent dont des morceaux viennent se greffer sur la nuque des fidèles, les asservissant un peu plus. D’où des croisades menées contre des hérétiques, qui se défont de l’emprise mentale grâce à une mystérieuse substance. Tel est le décor dans lequel évolue Skell, fidèle au dieu mais dont la foi va être bousculée…

Valérie Mangin (Jeanne d’Arc #1, Du plomb pour les garces #1, Trois Christs…) propose avec ce Livre de Skell un élégant diptyque de SF classique, qui ne se perd pas en digressions inutiles, ni en personnages faire-valoir. En effet, la scénariste se concentre sur son personnage phare, ses croyances, ses aspirations et ses rêves donnant la juste matière pour composer un univers cohérent et fascinant. Offrant par là même à Servain (L’Esprit de Warren, L’histoire de Siloë…) la possibilité de créer un univers graphique d’une froide beauté, dont les volutes évoquent parfois l’Art Nouveau. Pas vraiment de surprise dans ce premier tome, mais quand la fantasy en bande dessinée atteint ce degré de sobriété et de maturité, tant dans le fond que dans la forme, on ne saurait se priver.

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