Il y a une île, des jaunes, des rouges, et il n’en restera qu’un. Telle est la loi de Koh Lanta, l’émission télé-réalité en mode survie en milieu hostile de TF1. Pas vraiment la tasse de thé de Benoît Féroumont, dessinateur que l’on connaît notamment pour la série Le Royaume. Mais quand toute la famille se bouscule sur le canapé pour voir l’animateur Denis Brogniart faire son show, il décide de s’y coller, carnet en main, pour voir. C’est comme à son habitude sous la forme d’un amusant grizzli qu’il se met lui-même en scène, d’abord pour se moquer de l’émission, et puis de plus en plus pour la raconter. Car il se prend au jeu, à dessiner les trombines et les combines des candidats. De ces instants télé, publiés au fur et à mesure sur son blog, est né cet album.

Le problème est le suivant : a-t-on réellement envie de se faire raconter des épisodes passés d’une émission de téléréalité? Certes, son trait malicieux donne une dimension comique aux personnages, ce qui apporte un certain décalage. Mais le tout manque quand même beaucoup de second degré. C’est pourquoi les meilleurs moments du livre sont ceux où il fait un vrai pas de côté : quand il imagine les scènes diffusées en élargissant le cadre aux cameramen de l’émission, au moment où il invente l’arrivée des soldats du jeu vidéo Battlefield 3 sur l’île ou encore quand il se dépeint lui-même à Koh Lanta, éliminant les autres candidats grâce à ses terribles ronflements. Hélas, le plus souvent, son récit reste très collé à l’émission, et malgré toute la sympathie que dégage son personnage, la publication à la suite de notes jetées sur son blog dans l’inspiration du moment ne fonctionne pas. Autant on imagine aisément comment une communauté de lecteurs a pu se prendre au jeu, semaine après semaine, et aller voir ce que le novice devenu accro avait retenu de l’émission passée, autant sur papier et d’un seul tenant cela semble répétitif, incohérent, et tombe assez vite des mains. De quoi rappeler que passer d’un support à un autre ne va pas toujours de soi.