Quand on est touriste, il n’y a qu’une seule raison de faire un détour par Vierves, petit village des Flandres. Une seule raison, mais une bonne : la présence dans ses forêts d’un cerf réputé magique. L’animal baptisé Gérard est la mascotte de l’endroit, au centre de la fête annuelle qui consiste en un concours de recherche des bois tombés du cervidé. Mais que se passerait-il si un jour Gérard mourait, disons, dans un bête accident de la route? Et qu’est-ce que c’est que cette autre légende du bled, qui veut qu’on réussisse à faire des bébés en se faisant des câlins sur une pierre en forme de lit à l’orée de la forêt?

Ce premier album de la Belge Inne Haine est une comédie loufoque, aux accents doux-amers. La vie de la communauté de Vierves y est contée avec la distance nécessaire, moqueuse mais empathique, avec un regard aiguisé. Et surtout, en construisant son récit sur plusieurs intrigues et niveaux temporels, la jeune auteure donne une dimension inattendue à son album. On ne sait pas si on doit rire ou se désoler, et c’est sans doute là que réside la vraie force du livre. Néanmoins, l’échafaudage scénaristique lasse un peu, quand il n’est pas carrément déstabilisant. Tout comme le dessin tout en rondeurs, soutenu par une gamme de couleurs d’automne, agréable mais trop répétitif. Malgré ces quelques menus bémols, la balade à Vierves est suffisamment dépaysante pour qu’on se laisse tenter.