Le Monde du dessous
Le monde du dessous, c’est la mine d’argent, qui achève à petits feux les pauvres travailleurs des hauts plateaux boliviens venus glaner quelques sous pour nourrir leurs familles. C’est aussi celui du Diable et des superstitions les plus folles, qui ont succédé aux rites incas de sacrifices humains. Et c’est également le monde de la montagne monstrueuse qui a avalé un peuple entier pour enrichir l’Europe conquérante. Ce monde fait rêver car il fait miroiter des richesses. Mais il finit toujours pas tuer.
C’est par les yeux d’Agustin qu’on découvre ces terres arides et peu hospitalières, un jeune garçon pas comme les autres (il a le pouvoir de faire tomber la pluie !) qui va s’efforcer de mieux comprendre son environnement et de tracer son propre destin. Anne Sibran et Didier Tronchet adaptent magnifiquement le roman de la première, Dans la montagne d’argent, en proposant un ton singulier, émouvant et souvent pince-sans-rire. Un regard aiguisé, merveilleux mais pas naïf sur un monde globalisé qui suce le sang de la terre (et des hommes qui la peuplent) jusqu’à la dernière goutte, avant d’aller exploiter un autre filon. En prenant pour témoin un village isolé et bien peu enclin à se tenir au courant de la modernité galopante de l’extérieur, les auteurs parviennent à dire des choses fortes sans grossir le trait, toujours dans l’empathie et l’humour distancié. Au texte poétique et malicieux répondent le trait chaleureux de Tronchet (Le Fils du yéti) et ses couleurs lumineuses entêtantes. Pour un album touchant, fort de ses plus petites nuances.
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