Par Roberto La Forgia. Atrabile, 19 €, le 22 septembre 2012.

Quand on est enfant, et en vacances dans son petit village d’Italie, on s’ennuie un peu. Alors, on reproduit les mêmes jeux, on passe du temps à ne rien faire dans sa cachette secrète (une vieille bicoque paumée dans la campagne), on embête les filles (qu’on voudrait embrasser), on se dispute, on se raconte des bêtises, on prétend s’intéresser au sexe… Où on se découvre de nouvelles passions. Comme le petit Paolo, moqué par ses copains car il est le plus petit, qui se prend d’affection pour les illustrés et bandes dessinées de la librairie locale. Mais ses nombreux après-midi passés là-bas vont attirer les regards méfiants sur le libraire, soupçonné d’aimer d’un peu trop près les jeunes garçons…

Quelle maîtrise dans la narration! Quelle justesse dans le ton et la distance! Quelle retenue dans la communication de l’émotion! Pour un premier album, le jeune Italien Roberto La Forgia frappe très fort. Publié en VO chez Coconino, la maison d’édition d’Igort de l’autre côté des Alpes, et repéré par le toujours audacieux éditeur suisse Atrabile, ce livre évoque des moments d’enfance perdue, avec tantôt de la nostalgie, tantôt des frissons de peur, tantôt de l’amertume… L’équilibre est parfait, le sourire succède à l’anxiété avec beaucoup de naturel. Et surtout, Roberto La Forgia se garde bien de tout montrer. Avec son trait simple et vivant, souligné par un délicat jeu de trames et une bichromie orange, puisant dans les vieux strips américains leur puissance d’évocation, il joue de l’ellipse, du hors champ et du non-dit pour que le lecteur s’approprie totalement l’histoire, quitte à laisser des questions sans réponse. Une belle preuve de maturité, pour un résultat bouleversant.

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