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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | November 24, 2024















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Le Musée de la BD à Angoulême : un écrin prestigieux pour le 9e art

19 juin 2009 |

museebd_vitre.jpgClassieux, mais pas ostentatoire. « Déménagé » de l’autre côté de la Charente, et installé dans de splendides anciens chais, le Musée de la BD d’Angoulême – créé en 1991 mais démonté en 1999, en attendant un nouveau nid – a joliment mué. Il ouvre le 20 juin 4000 m2 de salles d’exposition remplies de planches ou documents originaux.

Très muséale et dépouillée, sa scénographie a bouté hors de ce sanctuaire les statues de personnages et affiches de héros au mur. museebd_exterieur.jpg« Nous ne souhaitions pas retenir l’esthétique traditionelle de la BD, avec beaucoup de couleurs, des bulles et des onomatopées, précise le conservateur Ambroise Lasalle. Il s’agissait plutôt de revenir au dessin, à l’esthétisme. » Place donc à des coloris sobre, du bois et des pierres blanches baignés de lumière naturelle, et un logo dans les tons – rond et sobre à la fois, dessiné par Etienne Robial, cofondateur de Futuropolis.

La première section propose de remonter le temps, de 1830 à nos jours. Un grand serpentin constitué de tables-vitrines expose des planches originales, croquis et revues soumises à une basse luminosité (55 lux maximum) pour ne pas abîmer le papier. Tous les quatre mois, le contenu est remisé dans des tiroirs climatisés, et remplacé par d’autres pièces. Les curieux peuvent s’affaler sur des canapés très design pour lire les albums cités dans les vitrines.

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La visite commence par les prémices du neuvième art, avec les créations de Rodolphe Töppfer, Maurice Radiguet ou Benjamin Rabier. Un crayonné de Joseph Pinchon montre Bécassine dans tous ses états. L’âge d’or de la BD est atteint entre 1920 et 1955, avec les magazines Vaillant, Coq Hardi, Spirou et Tintin, et les créations d’Hergé, Alain Saint-Ogan, Edmond-François Calvo… La fin des années 50 et le début des années 60 voient l’émergence d’une bande dessinée plus adulte et impertinente – voire franchement provocatrice  et novatrice -, qui s’épanouit dans les pages de Pilote, Hara-Kiri, Fluide Glacial, Métal Hurlant, L’Écho des Savanes, ou encore (À suivre). museebd_woodring.jpgPlace ensuite à une « BD d’auteurs », qui s’affirme dès les années 80 et s’amplifie un peu plus tard avec L’Association, la revue Ferraille ou les oeuvres de Tardi, Art Spiegelman, Chris Ware ou Jim Woodring. Une chronologie classique mais captivante, qui laisse largement de côté les mangas – faute de posséder des originaux, que les mangakas préfèrent garder, expliquent les responsables du musée.

La salle suivante détaille via quelques exemples les étapes de création d’une BD, du scénario à la mise en couleurs en passant par le découpage et les crayonnés. On peut notamment y lire une lettre de Joann Sfar envoyée à Delcourt pour présenter le projet de la série Donjon: « C’est le nouvel Astérix, alors si j’étais éditeur j’éviterais de me précipiter dessus car cette affaire va finir en procès! »

L’esthétisme est de mise dans « le salon », espace plus traditionnel où des cadres sont rassemblés par style (ligne claire, néo-classique, académique…). Cette balade instructive s’achève par une salle d’exposition temporaire, pour l’instant occupée par « Musées en cases », qui s’amuse avec l’image du musée dans la BD – reprenant notamment des extraits des dernières 24h de la bande dessinée. À partir du 4 janvier 2010 sera installée l’expo « Résonances », riche de 100 chefs d’oeuvre patrimoniaux et autant d’inédits qui les revisitent sous le crayon d’un auteur contemporain.

museebd_calvo.jpg museebd_carandache.jpg museebd_druillet.jpg museebd_baudoin.jpg museebd_forton.jpg

Réalisé pour un coût total de 9,2 millions d’euros entre janvier 2007 et juin 2009, l’aménagement du musée (qui fait partie de la Cité Internationale de la Bande Dessinée ou CIBDI) comprend aussi une belle librairie, proposant pas moins de 30000 références, et une salle de « médiation culturelle » dédiée aux groupes et loisirs éducatifs.

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Le fonds muséal compte environ 8000 planches – dont 1000 récemment laissées en dépôt par l’ayant-droit d’Edmond-François Calvo. Un chiffre honorable, mais terni par le budget dévolu à l’achat de nouvelles oeuvres: 30 000 € seulement pour 2009. Ce qui, au regard du prix atteint par certains dessins en salles de vente, ne pèse pas bien lourd. « Nous avons des astuces, se défend Gilles Ciment, directeur général du musée. Comme obtenir des planches à prix d’ami, en acheter une et repartir avec un carton, ou aller dans une petite vente à Bruxelles quand une vente phare à lieu à Paris chez Artcurial. » Faire jouer son sens de la débrouille, en quelque sorte. Malgré ce bémol, l’endroit gagne toutefois l’adhésion par sa luxueuse organisation spatiale et son respect des oeuvres.

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Il reste désormais au Musée à trouver comment exposer la BD du futur, déjà largement répandue: celle qui ne se crée pas sur papier, mais s’invente sur palette graphique, au stylet et en quelques clics…

Laurence Le Saux

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Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image
121, rue de Bordeaux, 16023 Angoulême cedex.
05 45 38 65 65

Tarifs : de 3 à 6 €.
Ouvert du mardi au vendredi de 10 à 19h et les samedi et dimanche de 14h à 19h

Photos © BoDoï

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