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Le Nao de Brown ***

28 novembre 2012 |

picto-critique-V3-3Adobe Photoshop PDFPar Glyn Dillon. Akiléos, 25 €, le 18 octobre 2012.

Nao est une jeune femme tour à tour pétulante et irritante. Souffrant de troubles obsessionnels – elle s’imagine notamment faire mal et tuer les personnes qu’elle croise – et d’une certaine solitude, elle peine à trouver sa place. Elle est toujours sur la corde raide, tiraillée sans cesse : fan de culture visuelle japonaise, elle a aussi un problème avec ce pays, celui de son père qui les a abandonnées, elle et sa mère anglaise; séduisante, elle a aussi peur des hommes et du regard qu’ils pourraient porter sur elle s’ils percevaient le mal dont elle est affligée; douée pour le dessin, elle hésite à se lancer à 100%, manquant naturellement de confiance en elle et brandissant sa « folie » comme excuse…

le_nao_de_brown_image1Voilà une bande dessinée très viscérale, tout en sensibilité et subtilité. S’inspirant des symptômes dont souffrait son épouse étant petite, Glyn Dillon colle aux basques de son héroïne avec une distance étudiée, à la fois à l’intérieur de son esprit angoissé et juste au-dessus d’elle, pour mieux l’observer. C’est de là que naît le trouble du lecteur, qui met un certain temps à comprendre le comportement erratique de Nao. L’auteur alterne ainsi entre une voix off de type journal intime, des extraits de contes fantastiques, et de convaincantes séquences de vie quotidienne – discussions au pub ou soirée loose avec un mug de thé. Le problème mental de Nao n’est jamais nommé, mais au bout d’un moment, on perçoit très bien, mieux on vit, son mal-être et sa difficulté à trouver sa place dans le monde. Et on s’inquiète sans cesse pour elle car on n’entrevoit pas de porte de sortie…

Pour porter cette histoire forte et atypique, Dillon joue avec les styles, optant le plus souvent pour un réalisme plein de charme, grâce à une mise en couleurs d’une belle délicatesse, et se permettant des explosions graphiques lors des crises de Nao, ou pour les contes narrés en parallèle. L’ensemble est à la fois fascinant et éprouvant, mais surtout on palpe presque physiquement le travail colossal d’un auteur qui ne laisse rien au hasard et qui a mis toutes ses forces dans son histoire. Voilà un livre relativement difficile d’accès, mais d’une vraie sincérité et d’une grande puissance émotionnelle pour peu qu’on réussisse à s’y immerger. Une expérience rare, donc.

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Commentaires

  1. Parker Pym

    Une belle escroquerie. C’est très bien illustrée … c’est d’ailleurs plus une compilation d’aquarelles reliées par un texte plat et des dialogues creux qu’un vrai récit. Ce qui est problématique, c’est que c’est supposé parler de violence et de souffrances intérieures…Peut-on seulement y arriver quand on a aucun sens de la composition, quand on ne sait pas parler de violence.. Quand on a un langage et un dessin de Bisounours ? NON.
    Heureusement, et même si cette soupe froide reçoit un prix à Angoulême, on aura vite oublié ce néant d’ici quelques années… Ouf !

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