Le Nécromanchien
John Morose et Hans Dubonheur sont deux peintres voisins. Alors que le premier est tétanisé depuis des années par un manque de confiance en lui, lui conférant tous les attributs d’un artiste raté (barbe hirsute, vieux peignoir, pantoufles élimées…), le second est une star dans son milieu. Irradiant d’arrogance, Hans accumule les bravos et l’argent grâce ses toiles représentant des chats. Non content de son succès, il fait tout pour saboter la créativité de John. Mais un jour, ce dernier, comme par un coup du destin, adopte un chien. Et cela va tout changer…
Comme une version canine du film Ghost, Le Nécromanchien est une délicieuse comédie, se moquant avec beaucoup de tendresse des romances à l’eau de rose, des manuels de développement personnel ou de relations homme-animal, et brocardant avec malice le monde de l’art. Auteur de Bob et Sally sont des copains, Papayou et Micro-Zouzou chez les maxi-zinzins (avec Léon Maret), Matthias Arégui s’adresse plutôt aux lecteurs adultes dans cet album étonnant, à rebrousse-poil de l’humour caustique ou ironique qu’on trouve souvent dans la BD indé. Jamais premier degré, mais pas cynique pour autant, il livre une voix-off omniprésente et caressante à la manière des contes de son enfance, souvent contrecarrée par des dialogues mordants, là aussi détournés de la BD jeunesse, pour mieux insuffler un ton étrange. Son dessin joue aussi le décalage permanent : tour à tour rond ou anguleux, coloré et plein de hachures, n’hésitant pas à s’épanouir dans des pleines pages faussement kitsch, il offre une grande variété de rendu en fonction des séquences. Le résultat est donc un album plein de surprises, faussement naïf, une chouette comédie fantastique, pas hollywoodienne mais presque, qui donne envie d’aboyer à tue-tête : « Woooouushh! »
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