Le Paradis perdu
À la demande d’un éditeur barcelonais, Pablo Auladell (La Tour blanche) s’est lancé dans la périlleuse adaptation du poème épique de l’Anglais John Milton, écrit au XVIe siècle et traduit en français par Chateaubriand. Ou le récit de la lutte entre Satan et les forces de Dieu, la vie dans le jardin d’Eden et la pomme du péché…
Poétique, onirique, quasi fantastique, cette adaptation est évidemment empreinte de culture chrétienne mais propose une vision graphique des plus percutantes. Loin de La Genèse façon Crumb, Auladell découpe son histoire en de grandes cases peintes, où son épais trait charbonneux donne véritablement corps à ses anges et démons qui se battent comme dans un récit d’heroic fantasy.
Le dessin impressionne, la langue inspirée du texte originel est belle et entêtante. Le pari était fou, mais le parti pris était le bon. À partir d’une histoire connue de tous, Pablo Auladell convoque la peinture ancienne, le théâtre de masques, transforme les symboles de l’iconographie chrétienne, compose un univers finalement très personnel. Il signe là une oeuvre somptueuse et remarquablement conduite, qui fera date.
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