Pakistan, 2007. Sarah Caron, reporter-photographe française, débarque au « pays des purs », secoué par des attentats et en proie à une forte agitation politique. Coup de chance, elle obtient une entrevue avec Benazir Bhutto, ex-Premier ministre, et principale opposante au pouvoir en place. Mais un mois après leur rencontre, la femme politique est assassinée dans un attentat qui provoquera des émeutes, au cours desquelles Sarah est prise pour cible…

Les quinze premières pages de l’album présentent une sélection des clichés pris par Sarah Caron au cours de son reportage. Ici, on peut voir Benazir Bhutto, digne alors qu’elle vient d’apprendre son assignation à résidence, alors que là, la photographe nous donne un aperçu de la vie des habitants du « Talibanistan », zones tribales à la frontière afghane. Et c’est bien là où l’album tire son épingle du jeu. Car si les auteurs réussissent à captiver leurs lecteurs en les plongeant dans le quotidien trépidant et hasardeux des photojournalistes, c’est surtout lorsqu’ils s’attardent sur les personnes rencontrées au cours du périple que la bande dessinée prend une dimension nouvelle. Des portraits jamais manichéens, à l’image de Faris Khan, combattant pachtoune qui ne déroge jamais à son code de l’honneur, ou même de Benazir Bhutto elle-même, dont le charisme n’efface pas les affaires troubles auxquelles son nom est mêlé. Le récit n’est pas dénué de quelques touches d’humour, et on oscille souvent entre admiration et agacement envers la protagoniste, qui arrive à se sortir de situations dangereuses de manière improbable, quitte à mettre sa sécurité – et celle des autres – en danger.

Hubert Maury, qui maîtrise manifestement son sujet, propose ici un trait dynamique plutôt agréable, malgré quelques petits problèmes de lisibilité à cause du lettrage trop serré dans les pages chargées.

Plus que le récit de la rencontre avec une figure politique emblématique, Le Pays des purs embarque son lecteur dans un voyage mouvementé au travers d’un pays à feu et à sang, comme un aperçu de la complexité de ce qui se joue dans cette région du monde.