Le petit vagabond du titre est un jeune garçon qui intervient dans les différentes histoires courtes qui composent ce recueil. Il éclaire le chemin d’un homme perdu dans la brume, lit dans les étoiles la carte d’un périple périlleux, redonne le sourire à une jeune peintre fatiguée ou un vieux monsieur tout mouillé. Alter ego de l’auteure – jeune et talentueuse Taïwanaise encore étudiante en art, qui explique se sentir chez elle nulle part et partout à la fois –, ce petit personnage offre donc un fil conducteur à ces chapitres muets, au design tout en douceur.

C’est d’ailleurs plus le dessin que les histoires qui attirent dans ce volume. Crystal Kung dessine avec des outils informatiques qu’elle maîtrise fort bien, jouant des gammes de couleurs, des effets et des transparences avec aisance, dans de grandes cases proches d’un travail d’illustration. L’absence de texte de ces saynètes renforce cet aspect. Du coup, même si on s’attarde sur quelques jolies pages, on feuillette assez vite l’ouvrage sans jamais être véritablement ému par ces mini-récits plein de grands sentiments. Sans doute forment-ils une bonne base à un futur dessin animé, dont les sketches, soutenus par une ambiance sonore et des effets visuels plus poussés, pourraient davantage séduire. En tant que livre, Le Petit Vagabond est mignon mais frustre donc un peu.