Le Photographe de Mauthausen
Ayant fui l’Espagne franquiste vers la France à la fin de la guerre civile, Francisco Boix est déporté vers le camp de Mauthausen, où se retrouvent bon nombre de républicains espagnols. Photographe, il est vite repéré par le commandant nazi Ricken qui souhaite immortaliser « l’oeuvre nazie » sur pellicules. Et si ces photos servaient à alerter sur la situation, à témoigner de l’horreur ? C’est ce que Francisco Boix et certains de ses amis, malgré les dissensions et le danger, vont tenter de faire.
Cas unique dans l’histoire des camps, la somme de 20000 photos de Mauthausen – bien qu’inférieure à celle voulue et prévue par Boix – est une preuve visuelle rare de l’horreur vécue dans le système concentrationnaire. Nul doute que les auteurs de cet album ont voulu redonner vie à Francisco Boix, lui rendre hommage à travers son histoire et son calvaire. Mort peu de temps après la fin de la Seconde Guerre mondiale, des séquelles des mauvais traitements reçus, il a pu cependant aller témoigner à Dachau, à Nuremberg, lors des procès. Et lorsqu’il s’aperçoit que ses photos servent plus à condamner qu’à faire comprendre l’horreur vécue, c’est une déception. En 1945, l’heure n’est pas aux témoignages, ce que cet ouvrage, lui, fait en 2017, rentrant dans la droite ligne du devoir de mémoire.
Toutefois, la BD souffre d’une absence de réflexion et de positionnement sur comment représenter les camps, comment décrire l’horreur, ce que tout oeuvre graphique devrait faire, à l’instar de ce qui reste un modèle du genre, Maus d’Art Spiegelman. Ce manquement se traduit, au final, par une intention ni audacieuse, ni sobre. De plus, le fait de redessiner les photos existantes est contestable, alors même que les copies des originales, insérées dans les planches, auraient été les bienvenues. Graphiquement d’ailleurs, le trait réaliste n’est pas vraiment réussi : traits grossiers et naïfs. Les éditions Glénat ont cependant privilégié le grand format et le papier mat, épais et granuleux : une bonne idée, tout comme le cahier historique, plutôt de bonne facture. Malgré tout, Le Photographe de Mauthausen demeure donc une BD plutôt maladroite.
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