Le Pogo aux yeux rouges **
Par Eugénie Lavenant et Jean Vautrin. Sarbacane, 19 €, janvier 2013.
Un jeune journaliste spécialiste du jazz tombe dans la rue sur un énergumène en smoking et bottes blanches, la chevelure hirsute et le regard sanguin. Contre quelques verres, il se met à déballer son histoire, un peu dingue. Mais pas autant que lui. Que veut ce type qui ne regarde pas en traversant, vous insulte avant de vous taper dans le dos avec un grand sourire, et semble ne se nourrir que de schnaps et de poésie alcoolisée?
En adaptant une nouvelle de Jean Vautrin tirée de son livre Baby Boom, la très douée Eugénie Lavenant s’essaye à la bande dessinée après deux ouvrages tenant plutôt du texte illustré (Cocaïne et chaussons blancs, La Messe est dite). Mais la prose de Vautrin, très imagée et volontiers argotique, est envahissante et la dessinatrice a bien du mal – malgré un découpage rythmé et des cadrages intelligents – à ne pas simplement coller des images sur une voix off, ce qui ne suffit pas à faire une bande dessinée. Néanmoins, son trait en noir et blanc, évoquant Muñoz mais avec une propension au photoréalisme, est séduisant, entêtant, parfaitement en adéquation avec l’histoire glauque et fascinante de Vautrin. Le mélange est curieux, souvent glaçant, parfois un peu plat. Mais on sent chez Eugénie Lavenant un très beau potentiel; reste à trouver un scénario moins littéraire pour qu’elle se libère de l’univers de ses premiers livres.
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J’aurais plutôt dit que le dessin ressemblait à du Sébastien Vivès (pas du tout mon truc) avec un côté maladroit même si tout n’est pas à jeter.
Comme vous le relevez, les dialogues et la narrations sont très envahissantes et rendent la lecture pénible. Si le dessin c’est du Vivès raté, le texte c’est du Audiard massacré. En 2013, on nous ressort des personnages qui parlent comme des titis parigots mal dégrossis tels qu’on en voit plus depuis 40 ans.
Le choix de la typo est regrettable. L’inconfort dû à l’écriture hachée de l’auteur est aggravé par des polices de caractères inadaptées à la BD.
Bien sûr il faut choquer, alors on a droit à des insanités proférées à chaque page avec l’élégance d’une tenancière de bordel (rhooo), ainsi qu’une scène porno bien hard à base de « fourre-moi bien » (ooh-la-laaaa). Tout doit être sale, glauque, pas net, sentir l’urine et la sueur… ben ouais, c’est du « Roman Noir », quoi ! *soupir*
Le problème principal reste l’histoire. C’est chiant, tout simplement. On ne s’intéresse à aucun de ces personnages qui pourtant ont tous « un truc vach’ment craspeck à te révéler, t’vois ? ».
78 pages, lues difficilement de la 1ère à la 50ème, puis parcourues à la hâte pour ce qui concerne les 28 dernières. Mais quel ennui !
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