Le Porteur d’histoire
En arrivant dans ce bled isolé d’Algérie, Martin a un plan. Mais ça, seul lui le sait. Face à Alia et à sa fille, il va faire le naïf, l’obstiné, l’ours, le touriste. Le mystérieux. Car Martin a une histoire à raconter, une histoire pleine de rebondissements et de ramifications au sein de la grande Histoire. Mais chut, n’en disons pas plus, laissez-vous porter…
Pas évident de transposer une pièce de théâtre contemporaine en bande dessinée. Mais Christophe Gaultier, éminent spécialiste de l’adaptation littéraire (Le Fantôme de l’Opéra, Le Suédois, Robinson Crusoë…), s’en sort à merveille, manipulant le terreau romanesque du dramaturge Alexis Michalik avec brio et légèreté. Subtil, l’auteur joue d’un regard, d’une posture (l’influence de Blutch sur son dessin est perceptible) pour susciter le mystère et surtout l’envie de tourner les pages pour connaître les secrets de son héros, possesseur d’un carnet d’une contemporaine d’Alexandre Dumas, recelant l’emplacement d’un légendaire trésor… Les événements et les révélations s’enchaînent avec fluidité, sous des coups de crayon expressif et une mise en couleurs dégageant de belles ambiances. L’ensemble de l’album est cohérent, jamais théâtral et véritablement passionnant. Pari réussi.
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