Par Jean-Michel Ponzio et Richard Marazano. Dargaud, 13,99 €, le 22 février 2013.

L’expérience limite du Protocole Pélican se poursuit. Obscure, brutale, implacable. Une douzaine de personnes (les « unités »), enlevées un peu partout sur le globe, sont toujours retenues sans explication sur une plateforme en haute mer, encadrés par des gardiens nommés « compagnons » et des scientifiques, les « confidents ». La raison d’être du protocole se révèle peu à peu, alors que l’on se rend compte que geôliers, prisonniers et blouses blanches font tous partie de ce jeu macabre, presque sans distinction…

Avec son complice dessinateur de Genetiks et Le Complexe du chimpanzé, Richard Marazano propose ici une série de SF à tendance paranoïaque, un feuilleton carcéral autour du sujet des sciences cognitives et des neurosciences. Avec cette question centrale, éminemment politique : une idée, si on la considère comme un virus qui peut se propager et rester endormi avant d’agir, peut-elle être contenue, soignée, éradiquée ? Avec son dispositif d’île-prison-labo dans laquelle on ne sait plus qui est véritablement le cobaye, le scénariste bâtit une histoire basée sur la tension, les faux-semblants et le mensonge. Bien soutenue par le dessin photo-réaliste de Jean-Michel Ponzio, très froid en raison de l’unique éclairage électrique des scènes et des décors métalliques. Ensemble, ils parviennent à conserver un niveau de stress et de suspense égal depuis le début de la série, ce qui est en soi une prouesse. La fin de la tétralogie est annoncée pour fin 2013; il tarde de connaître les tenants et aboutissants de tous ces mystères, quitte à virer définitivement parano.

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