Par Michel Constant et Jean-Luc Cornette. Soleil/Quadrants, 10,50 €, février 2011.

La Nouvelle-Angleterre, au XIXe siècle, a beau être le territoire de tous les espoirs et d’une future modernité, il s’agit encore d’une colonie boueuse et peuplée d’esprits étroits. Quand une femmes meurt éventrée, on n’en fait pas toute une affaire. En revanche, quand les actes de ce genre se multiplient, certain défenseurs de la condition humaine s’en émeuvent, et surtout un jeune aquarelliste, blessé par le tueur en série, qui est prêt à rendre justice lui-même…

Le pygargue du titre est donc un sorte de héros masqué empruntant le nom d’un oiseau, dans une Amérique naissante, couarde, machiste et intrinsèquement violente. Acide et brutal, le petit conte noir de Jean-Luc Cornette évoque souvent la légende de Sleepy Hollow, intégrant ici et là des éléments fantatisques à une enquête sordide. Mais le trait de Michel Constant ramène l’album vers un terrain plus franco-belge que gothique (presque jeunesse), contrastant ainsi fortement avec le ton adulte du récit. L’ensemble forme donc une BD curieuse, coincée entre deux genres, qui ne déçoit pas vraiment car elle est bien réalisée, mais qui n’enthousiasme jamais totalement. Sans doute parce que les auteurs ont trop voulu jouer sur deux tableaux, et que la mayonnaise n’a pas entièrement pris.

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