Par Daniel Clowes. Cornélius, 16 €, le 6 mai 2010.

Andy est comme pas mal d’adolescents dans le petit monde de Daniel Clowes (David Boring, Ghost World…) : chétif, mal dans sa peau, détaché par rapport à sa cellule familiale. Et pour cause, ses parents décédés, il vit seul avec son grand-père. Et n’a pour seul ami au lycée que Louie, une caricature de geek amateur de punk rock. Ce dernier aspire à s’affirmer, dans la violence s’il le faut. Alors quand Andy découvre l’héritage génétique de son père, tout devient différent : en fumant, il devient super fort. Et en plus, il met la main sur un autre cadeau de son papa : un pistolet qui fait disparaître ce qu’il touche…

Quand Daniel Clowes se penche sur les super-héros, curieusement, ceux-ci n’ont rien de super. Andy et Louie tâtonnent avant de se servir de leurs découvertes, s’imaginent justiciers de leur petite ville. Mais tout ce qu’ils veulent, en réalité, c’est casser la gueule aux caïds de leur bahut. Savant manipulateur du médium bande dessinée, l’auteur détourne le genre phare du 9e art américain pour le transformer en réflexion sur le crime banal, la culpabilité qui vous ronge (ou pas) et sur l’étroitesse d’esprit de la plupart des individus des sociétés contemporaines. Par de courtes séquences de style différents (strips presque humoristiques, planches à tonalité autobiographique, feuilleton héroïque…), il construit peu à peu un monde terne et angoissant, qui finit par ressembler furieusement au nôtre.

Même si Le Rayon de la mort est en apparence plus léger que Ice Haven par exemple, il creuse le même sillon de questionnement des fondements de la pop culture américaine. Il n’y a pas beaucoup de vrais innocents dans le monde de Clowes, et c’est pour cela qu’il fascine à chacun de ses livres.

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