Avant les effets spéciaux numériques, qui se cachait sous le costume de Godzilla ? Comment gérait-on la prise de vue d’une scène de destruction de ville ? Comment faire voler des mites géantes ? Et bricoler tout cela, tout en restant dans l’ombre, était-ce un métier gratifiant ? Nicolas Mahler se penche sur la question en s’inspirant de la vie et de la personnalité d’Eiji Tsuburaya, qui créa les trucages révolutionnaires des fims Godzilla dans les années 1950.

Attention, ne vous attendez pas à des révélation sur les coulisses du cinéma japonais de l’époque. On est avant tout dans une bande dessinée de Nicolas Mahler, maître de l’humour minimaliste et caustique, et ce Rituel est plutôt anecdotique dans la bibliographie de l’auteur d’Alice dans le Sussex. Dans une mise en scène frontale façon interview, avec séquences de tournage intercalées, le spécialiste des FX faits main délivre ses sages paroles : « Je ne me suis jamais soucié du réalisme. Pourquoi devrait-on représenter les choses telles qu’elles sont? » Dès lors, on peut voir dans cet artisan japonais du spectacle filmique un inspirateur surprise de l’auteur autrichien : Nicolas Mahler, comme lui, est peu disert, se moque de peindre la réalité, préférant donner à fantasmer, et se plaît à faire enfiler à ses acteurs des costumes ahurissants plutôt que d’avoir recours à des effets visuels alambiqués. Une ode à l’humour et à l’imaginaire des plus surprenantes, en même temps qu’une piqûre de rappel : les effets visuels et narratifs les plus forts sont souvent les plus simples.