Le Roi de paille
Neith est une des nombreuses filles de Pharaon. Quand elle se rend compte que son père a l’intention de la prendre pour femme (l’inceste étant la règle des mariages royaux en Égypte ancienne), elle décide de se joindre à son demi-frère Sennedjem qui, justement, a l’intention de tenter l’aventure dans le vaste monde. Ils s’enfuient donc, mais sont très vite capturés par des marchands d’esclaves, qui les vendent à rien moins que la famille royale de Babylone, la grande rivale de l’Égypte. L’identité des jeunes gens découverte, le roi décide de faire de Sennedjem le prochain « roi de paille ». Il lui servira de doublure rituelle, dans un sacrifice humain censé laver le souverain et son royaume de leurs impuretés.
Spécialiste des fictions en lien avec l’Antiquité, Isabelle Dethan (Gaspard et la Malédiction du Prince-fantôme, J’ai Tué : Philippe II de Macédoine, Les Ombres du Styx, Le Tombeau d’Alexandre…) se lance dans une nouvelle série, dont le cadre est cette fois l’Égypte et le royaume de Babylone, au VIe siècle av. JC.
C’est avec déception pourtant que l’on découvre ce premier tome. Sur une idée originale et plutôt prometteuse, l’intrigue manque en fait de souffle et se révèle tirée par les cheveux. D’autre part, la narration n’est pas au point. Elle souffre d’une absence de choix forts, ce qui donne une sorte de progression linéaire molle, comme un pis-aller plutôt que comme une volonté propre. Sans compter un manque de délicatesse, avec des dialogues enfonçant les portes ouvertes au bélier, plutôt que de verser dans la suggestion.
Côté dessin, c’est un peu mieux mais reste contrasté. Les vues « grandioses » (à Babylone, en particulier) et les décors profitent d’une vraie recherche architecturale, et d’une couleur à l’aquarelle très fouillée, mais ne sont pas assez vivantes pour vraiment faire rêver. L’auteure semble aussi peiner sur certaines scènes secondaires, à se demander si elles ne sont pas expédiées à la va-vite.
Il y a bien des idées intelligentes dans ce premier tome du Roi de Paille, mais il tient plus au final de la balade historique, du carnet de voyage poussif que de l’aventure. Et ce n’est malheureusement pas la chute, en fin d’album, qui laisse augurer d’une amélioration dans le suivant.
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