Le Roi des bourdons
Zola aspire à devenir auteur de bandes dessinées. Il travaille avec acharnement sur ses planches, mais doit se contenter pour le moment d’être manutentionnaire dans une grosse maison d’édition de BD. Tout en râlant sur les grosses machines commerciales, les licences de pur divertissement qui écoulent des palettes d’albums, écrasant les livres d’auteur. Pendant ce temps-là, un super-héros veille sur la ville, le frère de Zola glande à la maison et sa mère vivote avec Alzheimer à l’hôpital. Mais un jour, Zola rencontre une colonie de bourdons, absorbe une gelée royale magique et devient à son tour un super-héros. Sa vie va changer, enfin !
Voilà un album curieux, au dessin animalier et à l’ambiance rappelant les Lapinot de Lewis Trondheim, et qui égratigne le petit monde de l’édition de bande dessinée, soumis comme les autres au diktat de la rentabilité. Mais ce n’est pas seulement cela. C’est aussi le portrait d’un jeune homme à la dérive, qui se pense sauvé par le mythe du super-héroïsme. Il faut surtout s’arrêter là dans la description, car Le Roi des bourdons vaut surtout par ses rebondissements et révélations, qui expliquent a posteriori le sentiment d’étrangeté qui nimbe l’ensemble du récit. En effet, le rythme de l’histoire semble souvent erratique sans qu’on sache pourquoi, la mise en scène curieusement artificielle, les dialogues forcés… Tout trouvera une réponse dans un épilogue soigné. Mais une question demeure : qu’a voulu dire David de Thuin dans cet album? est-ce un exercice de style ou y a-t-il l’expression d’un malaise plus profond dans cette histoire d’auteur de bande dessinée dépressif ? Quand on sait que Le Roi des bourdons était d’abord une série de petites BD auto-éditées, que l’auteur de La Proie a entièrement redessinées et compilées pour créer ce one-shot, on prend la mesure de l’importance du projet pour lui.
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