Le Roi des mouches #3
Huit ans après la parution du premier volume, alors chez Albin Michel, voici enfin le dernier tome de la trilogie hallucinée de Mezzo et Pirus. Revoilà donc la galerie d’habitants perturbés d’une petite ville aux allures du Twin Peaks de David Lynch, ménagères refusant de vieillir, adolescente perverse, joueur de bowling dégueulasse, dealer bas du front, gamines paumées… Et bien sûr Eric, mâle accro au sexe et à la dope, pierre angulaire ravagée de ce petit monde déliquescent.
On retrouve dans cet ultime volume tout ce qui fait de la série une claque tant visuelle que mentale. Le dessin chargé de noir de Mezzo, à tel point imprégné d’imagerie américaine qu’on a l’impression que l’histoire se déroule aux États-Unis dans les années 1970-80 (alors qu’il s’agit bien de la France, aujourd’hui). La logorrhée des personnages en voix-off, lancinante, envahissante. Les dialogues sont rares, les cases surchargées, l’ambiance créée est suffocante, le destin de chacun semble tracé pour finir tout droit en enfer ou au fond d’une poubelle. À moins que l’enfer ne soit ici: car Le Roi des mouches se pose comme une vision simplement amplifiée des petites horreurs qui se déroulent dans les foyers occidentaux quand la porte se referme. Une vision déformée jusqu’à la la nausée, les auteurs réussissant parfaitement à imposer leur rythme obsédant et leurs images cauchemardesques dans la tête du lecteur.
Alors bien sûr, huit ans après le début de la série, les références à Lynch, à Bret Easton Ellis ou au Black Hole de Charles Burns paraissent un peu pesantes et datées. Et la litanie d’un texte dense, long et surécrit pourra lasser. Mais ciselée au millimètre et ultra léchée, Le Roi des mouches reste une oeuvre importante, sans doute la plus aboutie du duo d’auteurs.
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Cette trilogie est dans mon Top 10 de ces dernière années!
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« Le dessin chargé de noir de Pirus »……Hmm, hmm, c’est Mezzo le dessinateur, pas Pirus…
Commentaires