Par Grun et Eric Corbeyran, d’après le spectacle de Stéphane Anière et Martin Le Breton. 12 Bis, 13, le 22 avril 2010.

Adapter un spectacle d’arts martiaux en bandes dessinées, pourquoi pas. C’est franchement casse-gueule, mais, après tout, ça mérite d’être tenté. Malheureusement, l’essai n’est pas transformé. Malgré tout son talent de dialoguiste et de metteur en rythme, Eric Corbeyran ne parvient pas à échafauder une histoire suffisamment solide à partir de l’allégorie mystique originelle. Résultat, un scénario idiot qui emmène une jeune élève d’une classe de kung-fu clandestine (luttant contre une société autoritaire) vers un monde éthéré où elle devra prouver sa force et la pureté de son coeur…

Comme le résumé le laisse entendre, l’histoire est terriblement niaise. Un conte initiatique hyper-convenu, où l’héroïne doit abandonner ce qui lui est cher pour conserver l’espoir, jouer de perspicacité afin de déjouer les pièges qui lui sont tendus et mener son peuple vers la liberté… Si cette trame toute fine et manichéenne devait certainement suffire pour comme colonne vertébrale narrative à un spectacle d’arts martiaux, elle ne fonctionne absolument pas dans un récit en 56 pages.

La seule originalité du Souffle du vent réside dans le changement d’apparence des personnages entre le monde réel et le monde des idées où ils se battent, et surtout dans les séquences d’arts martiaux. Le dessinateur Grun ne s’en sort d’ailleurs pas si mal sur ces pages, mais le reste de l’album paraît franchement bâclé : des postures raides au possible, des expressions vides, et une mise en couleurs très maladroite. Sans doute composée avec des intentions louables et des bons sentiments, la version BD du spectacle vu au Cirque d’hiver en 2007 (et qui tourne depuis) est, hélas, tout simplement une catastrophe. Du duo Grun-Corbeyran, on préférera mille fois le récent Metronom’.

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