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Le Taureau par les cornes

23 novembre 2020 |
SERIE
Le Taureau par les cornes
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
19 €
DATE DE SORTIE
07/02/2020
EAN
2844145876
Achat :

Certains albums autobiographiques manquent de distance, d’enrobage fictionnel, d’autodérision. D’où un sentiment de malaise d’entrer dans l’intimité de parfaits inconnus. Il y a un côté voyeur imposé qui peut s’avérer déplaisant à la lecture. Morvandiau évite cet écueil. Certes, il évoque dans Le Taureau par les cornes des épreuves difficiles de la vie, comme l’arrivée d’un bébé différent de celui qu’on attendait, et du deuil nécessaire de l’enfant rêvé.  le-taureau-par-les-cornes_image1Mais son crayon ne pointe pas l’enfant handicapé : au contraire, il observe l’entourage. Voisin·es, famille, ami·es, personnel médical, assistante maternelle, et parfait·es inconnu·es : tout le monde donne son avis (non sollicité) sur la situation. C’est frappant, de voir toutes ces réactions à la chaîne… Les pires ne proviennent pas toujours de qui l’on croit !

Le sujet est aussi l’auteur en tant que fils, qui a vu la maladie de sa mère s’aggraver et l’emporter dans une folie solitaire. Sans s’apitoyer sur son sort, il raconte, en sautant parfois du coq à l’âne (en passant par le taureau et le singe), la chaîne de solidarité qui s’organise, que ce soit avec ses frères et sœurs ou grâce aux associations… Et face à eux, l’Hydre de Lerne administrative, ses sigles, les situations ubuesques qui bloquent les dossiers des familles en détresse.

Graphiquement, c’est tout sauf une BD linéaire : une foultitude de compositions font passer l’émotion autrement que par l’apitoiement. C’est là aussi une réflexion sur le rôle de parent : « N’est-il pas d’abord un exercice d’observation ?, interroge Morvandiau. Guetter, essayer de comprendre et se souvenir physiquement de sa propre croissance. » Un beau témoignage, réalisé avec la distance temporelle – nécessaire – de quinze ans.

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