Par Olivier Ormière et Stéphane Antoni. Delcourt, 13,50 €, le 24 août 2011.

Se forger dans la lutte et le sang. C’est le rêve secret de l’Australie, terre du bout du monde sous domination britannique, mais qui n’aspire qu’à clamer son identité et faire respecter ses caractéristiques. Enfin, celle des colons blancs, en priorité. Pour cela, elle envoie un bataillon de jeunes engagés sur le front turc de la Première Guerre mondiale. Dans ces combats pour le contrôle des Dardanelles, l’aborigène Freeman va entrer en communication avec les esprits de la Terre, et tenter de se tracer un destin, entre croyances surnaturelles et boucherie quotidienne.

La participation des soldats australiens à la Grande Guerre est un sujet original, dont on sait peu de choses. Stéphane Antoni se penche là-dessus avec sobriété, décrivant en peu de mots et quelques scènes fortes cet enrôlement absurde à vocation nationaliste. Il évite tout exotisme gratuit et toute tentation de cours d’histoire. On est ainsi rapidement plongé au coeur de l’action et dans les yeux de son héros aborigène, persuadé que les prophéties de son peuple (la vie n’est pas la réalité, les ancêtres vont sortir de terre, etc.) vont se réaliser dans les tranchées d’Europe. Le puissant et limpide dessin réaliste de Olivier Ormière (s’inspirant de photos, notamment pour les personnages) colle parfaitement à l’ambiance générale de ce premier tome (sur trois), qui a compris qu’une image forte vaut mieux qu’un long discours. Une bonne nouvelle série classique pour cette rentrée.

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