Le Théorème de Karinthy #2
« On est tous à moins de cinq poignées de mains du président des États-Unis. » Ce type de phrase, souvent entendu, relève du théorème de Karinthy, qui affirme que tout individu sur Terre serait relié à n’importe quel autre par une chaîne de connaissances personnelles composée tout au plus de cinq maillons. C’est à partir de ce postulat, qu’au début des années 1980, la police de l’Allemagne de l’Ouest traque les terroristes clandestins d’extrême gauche. En infiltrant Otto dans les milieux anarchistes, hippies et contestataires, elle espère bien dénicher de plus gros poissons.
Dans le premier volume, on faisait la connaissance de ce policier, agent infiltré, légèrement ventripotent, qui épousait, parfois non sans un certain plaisir, la vie underground du Berlin du début des années 1980. Dans ce deuxième tome, Berlin 1983, c’est un procès fleuve de l’histoire judiciaire allemande qui est au cœur : il s’agit de condamner les assassins d’un jeune étudiant tué pour avoir trahi ses camarades d’extrême gauche. Pour Otto, pas question que ce procès nuise à sa mission. Et pour cela, tous les coups sont permis.
Jörg Ulbert plante son scénario dans un Berlin crépusculaire, celui de la fin de la guerre froide, celui, aussi, des années qui ont suivi l’arrestation des membres de la Fraction Armée rouge, connus en France comme la bande à Baader. On est à quelques années de la réunification. C’est dans cet entre-deux que l’on suit les pérégrinations d’Otto, sises dans une narration judiciaire soucieuse de réalisme. Au dessin, Jörg Mailliet trace les lignes d’un Berlin fidèle, où se mêlent habitats monotones et silhouettes colorées, dans un graphisme varié et vivant.
Que l’on ne s’attende pas à vibrer avec Otto, placide anti-héros, mais plutôt à saisir l’ambiance d’un moment suspendu de l’histoire de l’actuelle capitale allemande. Un axe original et salutaire.
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