Par Nicolas Debon. Dargaud, 14,50 €, le 19 juin 2009.

Voilà une BD sur la petite reine qui devrait séduire même ceux qui ne peuvent pas supporter le vélo. En effet, et alors que le Tour de France passe actuellement sur nos routes, le livre de Nicolas Debon tombe à point nommé pour se replonger dans les origines d’un des événements sportifs les plus populaires au monde.

L’auteur retrace ainsi le Tour 1910, une épreuve devenue légendaire par sa difficulté et le duel acharné que sont livrés une poignée de coureurs, athlètes de l’impossible juchés sur des deux roues bien frêles. Car à l’époque, les cyclistes étaient la plupart du temps livrés à eux-mêmes, portant leurs chambres à air autour du torse, ne pouvant réparer que dans certaines zones, devant changer de roue pour changer de plateau (!), avançant sur des routes sans signalisation, parfois de nuit…

Le récit du parcours de ces champions (ou ces grands malades, c’est selon) est tout simplement passionnant, même quand on est pas fan des courses cyclistes. Ce n’est pas tant de savoir qui va gagner l’épreuve qui fascine, mais c’est la force de la volonté de ces gars prêts à risquer leur vie au bord des ravins des Pyrénées, simplement pour l’exploit sportif. Un exploit quasiment inhumain que Nicolas Debon retrace avec respect et empathie, grâce à une mise en scène sobre. Pour sa première bande dessinée, l’illustrateur a choisi un graphisme extrêmement lisible agrémenté d’une jolie matière, épaisse et colorée. La voix off est dynamique, entre prose romanesque et commentaire sportif. Et les quelques dialogues laissent transparaître le malaise de cyclistes au bout du rouleau: « Crois-tu que c’est la haine des autres qui fait gagner les courses? (…) Mais n’est-ce pas plutôt une obscure partie de soi-même que l’on hait au point de vouloir l’anéantir, la briser à chaque coup de pédale…? » Le Tour des géants est un superbe album, palpitant et émouvant.

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